Ibn'Arabi, maître soufi

"A Fès, on m'a rapporté sur Abbâs al Khashshâb, compagnon d'Abû Madyan– Dieu l'agrée – l'histoire suivante. Un homme vint le trouver tenant dans sa main un livre sur la Voie. Il lui en lut une bonne partie, mais Abû l'Abbâs restait silencieux.
L'homme finit par lui dire:
– Maître, pourquoi ne me parles-tu pas à ce sujet ?
– C'est moi que tu dois lire, lui rétorqua Abû l'Abbâs.
L'homme trouva la réponse un peu forte. Il se rendit auprès de notre maître Abu Madyan et lui dit:
– Ô notre maître, j'étais chez Abbâs al Khashshâb et lui lisais un livre d'enseignement spirituel pour qu'il me le commente et il s'est contenté de me répondre: «C'est moi que tu dois lire!».
– Abbâs a dit vrai, répartit le Cheik. De quoi traitait ce livre ?
– Du renoncement, du scrupule, de la confiance et de l'abandon en Dieu et de tout ce qu'exige la voie vers Dieu.
– Était-il question d'un état spirituel qui n'était pas celui d'Abbâs, demanda le Cheik?
– Non, répondit l'homme.
– Si les états spirituels d'al Khashshâb équivalent à tout ce que contient ce livre et que tu n'as pas trouvé dans ses états matière à exhortation ni acquis ses vertus, en quoi peut te profiter le fait de lire ce livre devant lui et de lui demander de te le commenter? Il t'a exhorté par son état spirituel et avec quelle éloquence!
L'homme s'en fut alors, tout honteux.
– Ô notre maître, j'étais chez Abbâs al Khashshâb et lui lisais un livre d'enseignement spirituel pour qu'il me le commente et il s'est contenté de me répondre: «C'est moi que tu dois lire!».
– Abbâs a dit vrai, répartit le Cheik. De quoi traitait ce livre ?
– Du renoncement, du scrupule, de la confiance et de l'abandon en Dieu et de tout ce qu'exige la voie vers Dieu.
– Était-il question d'un état spirituel qui n'était pas celui d'Abbâs, demanda le Cheik?
– Non, répondit l'homme.
– Si les états spirituels d'al Khashshâb équivalent à tout ce que contient ce livre et que tu n'as pas trouvé dans ses états matière à exhortation ni acquis ses vertus, en quoi peut te profiter le fait de lire ce livre devant lui et de lui demander de te le commenter? Il t'a exhorté par son état spirituel et avec quelle éloquence!
L'homme s'en fut alors, tout honteux.
Cette histoire m'a été rapportée par le hâjj 'Abdallâh al-Mawrûrî (un autre disciple d'Abû Madyan qu'Ibn 'Arabî considère comme « le pôle de ceux qui se confient à Dieu », "qutb al-mutawakkilîn"), à Séville, dans une assemblée. Vois donc, mon ami, combien est excellente et admirable leur façon de suivre et d'enseigner la Voie. Que Dieu nous compte parmi eux et nous accorde de les rejoindre. C'est Lui qui s'en charge et en a le pouvoir. "
Remarques :
Pour Ibn 'Arabî, Abbâs al-Khashshâb appartient à la catégorie spirituelle des muhaddathûn, «ceux à qui Dieu parle». Abû, son compagnon, est un des grands maîtres du XIIe siècle, né près de Séville vers 1126 (ou 520) et mort en 1197(ou 594) à Tlemcen, dont il est devenu le saint patron (Sîdî Boumedien). Il a fait la synthèse de la spiritualité andalouse et maghrébine et a formé bon nombre de disciples, dont certains partirent en Orient et diffusèrent sa voie spirituelle. Sans l'avoir rencontré, Ibn 'Arabî considère Abû comme l'un de ses maîtres.
Ibn Arabî, « Le dévoilement des effets du voyage » titre original « Kitâb al-isfâr ’an natâ’ij al-asfâr » texte arabe édité, traduit et présenté par Denis Gril 1994 – 1998
isbn 2-905372-92-3 xxxiii
Remarques :
Pour Ibn 'Arabî, Abbâs al-Khashshâb appartient à la catégorie spirituelle des muhaddathûn, «ceux à qui Dieu parle». Abû, son compagnon, est un des grands maîtres du XIIe siècle, né près de Séville vers 1126 (ou 520) et mort en 1197(ou 594) à Tlemcen, dont il est devenu le saint patron (Sîdî Boumedien). Il a fait la synthèse de la spiritualité andalouse et maghrébine et a formé bon nombre de disciples, dont certains partirent en Orient et diffusèrent sa voie spirituelle. Sans l'avoir rencontré, Ibn 'Arabî considère Abû comme l'un de ses maîtres.
Ibn Arabî, « Le dévoilement des effets du voyage » titre original « Kitâb al-isfâr ’an natâ’ij al-asfâr » texte arabe édité, traduit et présenté par Denis Gril 1994 – 1998
isbn 2-905372-92-3 xxxiii
150 pages, collection philosophie imaginaire, ed. de l'éclat
Plus sur : http://www.lyber-eclat.net/lyber/ibnarabi/voyage.html
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